Le concours Miss France devant les Prud’hommes
Date de publication : 12.01.22
Jessica Ip Ting Wah
En octobre dernier, l’association « Osez le féminisme » déposait à l’encontre de l’organisation du concours Miss France une requête devant le Conseil de Prud’hommes pour violation du droit du travail.
Retour sur cette procédure qui fait d’ores et déjà bouger certaines règles de fonctionnement du concours de beauté.
Que reproche-t-on au concours Miss France ?
Chaque année au moment de la tenue du concours Miss France, l’association « Osez le féminisme » monte au créneau pour dénoncer l’événement dont elle estime qu’il “ne vise qu’à propager et renforcer des stéréotypes sexistes”.
En 2021, l’association a décidé d’aller bien plus loin en saisissant le Conseil de Prud’hommes de Bobigny pour violation du droit du travail par Endemol Production et la société Miss France.
L’association avance que les critères de recrutement des candidates sont discriminatoires en raison des règles qui leur sont imposées, alors que le droit du travail interdit toute forme de discrimination relative notamment aux mœurs, à l’âge, à la situation de famille, à la grossesse, aux caractéristiques génétiques et à l’apparence physique.
Or, on leur impose de :
- mesurer au minimum 1,70 m
- être célibataires
- ne pas boire ni fumer en public …
L’association argue également que les jeunes femmes candidates au concours devraient être liées par un contrat de travail puisqu’elles participent à un spectacle et qu’elles réalisent des prestations de travail.
Une audience de conciliation devant le bureau de conciliation et d’orientation a eu lieu entre les parties le 1 décembre 2021. Aucune conciliation n’ayant pu aboutir, l’affaire a été renvoyée pour un examen au fond dont l’audience devant le bureau de jugement se tiendra le 21 juin 2022.
Miss France : vers une application du droit du travail ?
Alexia Laroche-Joubert, nouvelle présidente de la société Miss France et productrice de l’émission, reconnaissant que le concours devait se moderniser a décidé de proposer des contrats de travail pour toutes les candidates le soir de l’élection, retransmise à la télévision. Ce contrat concerne néanmoins uniquement la journée de l’émission. Les jeunes femmes n’étant pas sous contrat pour les semaines de préparation et de répétition en amont et notamment lors du voyage de préparation du concours à l’étranger.
Une première prise de conscience qui ne satisfait bien évidemment pas l’association « Osez le Féminisme ».
A noter qu’une action au civil vise déjà TF1 et Endemol Production, portée par deux anciennes participantes qui reprochent aux organisateurs d’avoir diffusé des images d’elles se changeant en coulisses où on les voit seins nus. Elles portent plainte pour “atteinte à leur droit à l’image, à leur intimité et à leur vie privée”.
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