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Travail le 1er mai : une clarification des dérogations est urgente

Date de publication : 28.04.25

droit social

fête du travail

Stanislas Dublineau

Le 1er mai marque la fête du travail, mais pas pour tous : les boulangers, les fleuristes, les bouchers sont, à ce jour, dans une incertitude insupportable concernant l’ouverture de leurs commerces le 1er mai.

Pendant des années, ces commerçants de proximité ont bénéficié d’une tolérance leur permettant d’ouvrir et de faire travailler leurs salariés le 1er mai. Cela n’a jamais posé la moindre difficulté.

Désormais, ils sont considérés comme des délinquants !

La presse s’est, dernièrement, fait l’écho de la convocation au commissariat d’un boulanger qui avait eu l’outrecuidance d’ouvrir un premier mai…

Malheureusement, cet honnête commerçant n’était pas dans son bon droit.

Et pour cause, la législation concernant le travail le 1er mai est totalement décalée.

Le Code du travail précise que 1er mai est jour férié et chômé. La seule dérogation prévue par le Code du travail est mentionnée à l’article L. 3133-6 du Code du travail. Ce texte indique que « dans les établissements et services qui, en raison de la nature de leur activité, ne peuvent interrompre le travail, les salariés occupés le 1er mai ont droit, en plus du salaire correspondant au travail accompli, à une indemnité égale au montant de ce salaire ».

En d’autres termes, seules les entreprises dont l’activité impose une continuité du service peuvent faire travailler leurs collaborateurs le 1er mai.

Bien évidemment, aucune liste n’est établie par la législation. Chacun devant, bon an mal an, se reconnaître dans cette obscure classification…

Jusqu’à présent, le bon sens permettait de penser qu’un boulanger, surtout s’il est ouvert toute la semaine, pouvait vendre une baguette de pain le 1er mai.

De même, il semblait naturel qu’un fleuriste puisse vendre un bouquet de muguet lors de cette sacrosainte journée. D’autant que la concurrence fait rage dans ce secteur. Des commerçants « de circonstance » vendent les mêmes bouquets à même le trottoir, sans déclarer cette source de revenus parfois significatifs. Ils ont, bien évidemment, le droit de travailler le 1er mai puisqu’ils ne sont pas fleuristes et encore moins salariés pour cette occasion…

Un tel imbroglio ne doit pas être toléré.

Certes, la ministre du travail vient de s’engager à « soutenir les initiatives parlementaires qui feront évoluer la loi et permettront aux boulangeries de travailler le 1er mai s’ils le souhaitent ». Mais elle a, parallèlement, rappelé non sans cynisme, qu’actuellement, tel n’était pas le cas et que seuls les « patrons » pouvaient être au travail le 1er mai. Peu importe les files d’attente pour une baguette, finalement le 1er mai est férié, tout le monde a le temps.

Mais ce faisant la Ministre du travail démontre qu’en réalité, elle n’a pas d’autorité sur son administration. En effet, si pendant de nombreuses années, une tolérance a existé concernant l’ouverture des métiers dits « de bouche » et des fleuristes le 1er mai, c’est parce l’administration acceptait que ces commerces bénéficient d’une dérogation.

Pourquoi remettre en cause, aujourd’hui une telle tolérance ? Rien ne le justifie.

Le texte est resté le même, son interprétation n’a donc aucune raison de changer.

Une clarification est donc nécessaire immédiatement et non, comme le propose la Ministre du travail, à l’issue d’un calendrier parlementaire hypothétique.

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